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La Bourse des timbres-poste

Que discute ce groupe compacte ? Sont-ce des conspirateurs péparant la chute du gouvernement ? Non, toutes ces personnes que nous voyons s'agiter là professent à l'endroit du pouvoir une déférence marquée. Les chefs de tous les Etats leurs sont chers, mais leur sympathie est surtout,acquise aux souverains des plus modestes et des plus lointains empires. Ces gens affairés sont tout bonnement des collectionneurs de timbres-poste ; ils ont une bourse officielle qui se tient les jeudis, dimanches et jours de fête, de une heure à six heures, aux Champs-Elysées, à l'angle des avenues Gabriel et Marigny derrière le panorama, en face de l'Elysée et de l'hôtel Laffite. Cette bourse se tint d'abord, en 1860, dans le jardin des Tuileries, aux abords du carré des Hespérides qui longe la terrasse d'où l'on domine le quai. Les habitués, généralement plus nombreux et plus élégants que ceux d'aujourd'hui, se composent en partie de fillettes et de jeunes garçons qui faisaient des échanges de timbres sous l'oeil bienveillant des personnages mythologiques. Cela ne dura que cinq ou six ans, des actes d'indélicatesse ayant été commis par des promeneurs, en même temps que des plaintes étaient déposées par les parents d'enfants auxquels on avait soutiré, pour un timbre insignifiant, l'argent destiné aux menus plaisirs de toute une semaine.

La petite phalange, plusieurs fois dispersée par des gardiens, se reforma autour du palais du Luxembourg, puis enfin, ce quartier étant trop éloigné du centre, au carré Marigny, où nous la retrouvons. Les écoliers de notre époque, comme ceux d'alors, puisent dans ses rangs un goût prématuré du gain. Malgré la présence de grandes personnes des deux sexes venues là pour accompagner les enfants ou trafiquer elles-mêmes - on compte parfois jusqu'à 250 boursiers - la bourse des timbres est loin d'avoir l'importance qu'on lui attribue communément. Les petits collectionneurs font les frais de ces réunions en se livrant à la vente ou à l'échange ; on s'entretient des nouveaux timbres parus, des prix du jour, mais, nous apprend un témoin dont, en l'espèce, la compétence est universellement reconnue, on n'y fixe point la valeur des timbres.
Extrait de Maubry Victorien, La Bourse des timbres-poste, Le Magasin pittoresque, 1889, 57, S 2, 7, p. 363-366



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Mise à jour le 01/05/2006